La mécanique raciste à l’oeuvre… Du local au national !

Nous souhaitons revenir sur la mécanique qui conduit à la diffusion d’une attaque raciste du local au national.

Comment un petit groupuscule qui se fait passer pour de simples citoyens de Bagnolet trouve un écho sur la chaîne d’Éric Zemmour pendant 24h. Puis un enchaînement qui se poursuit avec le magazine conservateur “anti-wokiste” Marianne, le site Fdesouche et Valeurs Actuelles.

Tout part d’un article hallucinant du Parisien 93 et de sa journaliste Hélène Haus qui fait le choix d’écrire un article en partant d’un texte raciste et complotiste publié sur un site anonyme créé pour l’occasion.

Le titre de l’article est ici dans la capture:


Il s’agit “d’habitants de Bagnolet” qui s’expriment en anonyme dans l’article.
Ils dénoncent Verdragon, la maison de l’écologie populaire de Bagnolet. Ils accusent cette maison d’être “racialiste” et “indigéniste”, des termes popularisés par l’extrême-droite française.
Comme on le voit ici avec un membre du RN qui reprend cette terminologie.

Un texte complotiste qui s’attaque à une organisation féministe et antiraciste, le Front de Mères. Mais aussi à Alternatiba, mouvement écologiste que l’on connaît pour les marches climat.
Alternatiba prenant dans ce texte tour à tour le rôle de complice ou de victime du Front de Mères. Ce n’est pas très clair, comme tous les textes confusionistes et complotistes.

La journaliste du Parisien 93 n’a pas pris le soin de faire une simple recherche Google pour se rendre compte qu’il ne s’agit pas de simples “habitants” qui se sentent en danger par des distributions de légumes à Verdragon. Il s’agit pour la plupart de personnes qui étaient sur la liste En Marche aux municipales. Certains n’habitent même pas la ville de Bagnolet.
D’autres appartiennent à la mouvance de Zemmour.

Par exemple dans cette capture, on voit la réaction d’une signataire à la commémoration des massacres du 17 octobre 61. En photo des femmes rescapées du massacre venues témoigner…

Ou encore ici sur Zemmour avec son compte Facebook:

On a aussi une autre signataire qui tient des propos ignobles:

Une insulte obscène, islamophobe et homophobe!
“Suceur de babouche” est une insulte raciste.
Encore une fois c’est l’extreme-droite française qui a inventé cette insulte pour désigner les musulmans par “babouche”.

Pour continuer sur les signataires, comme le Parisien 93 ne fait pas son travail, nous allons les aider.

Didier Idjadi a aussi signé le texte. Il est connu sur notre ville pour avoir mené une campagne contre la mosquée l’Olivier de la Paix à la Noue au début des années 2000.
Il a perdu tous ses procès contre cette mosquée qui fait partie du patrimoine culturel de notre ville. Encore une attaque contre un local, c’est un peu l’obsession des signataires les locaux dans les villes de France.
Didier Idjadi avait tenté de salir l’image de cette mosquée dans tous les médias avec un emballement similaire. Il tente de refaire le coup.

Ce n’est qu’une petite sélection des signataires, nous ne reviendrons pas sur toute la mouvance du Printemps Républicain et de la fachosphère car ce texte a essentiellement tourné dans ces milieux.

Le meilleur pour la fin, nous nous tenons à la disposition des journalistes qui s’intéressent à cette histoire pour le reste.

Le dernier signataire intéressant est Michel Léon. Comme ce texte se prétend Républicain, regardons de plus près ces principes s’ils sont appliqués dans la réalité par les signataires eux-mêmes.

Voici le témoignage de Youcef BRAKNI, militant antiraciste:

Michel Léon était engagé sur la ville, il a fait le tour de tous les partis pour avoir une place d’élu.

En 2014 il était sur la liste citoyenne avec des éléments isolés d’EELV qui ont rompu depuis.
Le nom de cette liste était le BIC.
Sur cette liste on retrouvait aussi Jean-Claude Seguin et Nadia Ziri (ils sont mariés) qui ont aussi signé ce texte nauséabond. Jean-Claude Seguin écrivait sur Riposte Laïque…

Nous étions au second tour, il restait la liste du BIC, du PS et le PC.
Le BIC ne voulait pas fusionner avec le PC car ils avaient comme condition de changer la tête de liste du PC.

Finalement le BIC part seul, Michel Léon me contacte tout mielleux. Il me supplie de l’emmener à la mosquée pour rencontrer les associations musulmanes de la ville.

J’étais étonné par la démarche, j’étais un peu mal à l’aise face à son ton insistant.

Je me disais que c’était un mélange des genres suspects. Il insiste, me dit que c’est pour un échange.

Je finis par accepter, on fait la réunion. Jean-Claude Seguin et Nadia Ziri ne disent rien.
Car à l’époque la gamelle était trop tentante, être élu était l’objectif ultime.

C’est drôle quand on voit qu’ils sont à l’origine de ce texte sur un prétendu “séparatisme”.

Finalement, la réunion à la mosquée se transforme en meeting de campagne pour le BIC.

Les organisations musulmanes montrent une gêne, ne relancent pas la discussion.

La réunion prend fin, les organisations musulmanes étaient choquées par la démarche.

Derrière la démarche de ce texte il faut comprendre qu’il y a beaucoup de frustrations.
Il faut aussi comprendre que les Arabes c’est bien pour demander leur voix dans la discrétion de la mosquée. Mais s’ils s’organisent pour lutter contre les discriminations ou le réchauffement climatique, c’est du séparatisme.

Il semblerait que ce soit là le nœud du problème, la visibilité des populations noires et arabes des quartiers populaires.
Leur existence politique, qu’ils puissent prétendre aux luttes communes contre le réchauffement climatique et les inégalités.

C’est le fait d’un petit groupe qui vit en zone pavillonnaire et qui pense que la ville est à eux. Le plus insupportable c’est de voir des populations minoritaires prétendre à la réflexion dans un pays qui est aussi le leur.
C’est une chasse symbolique contre celles et ceux qui relèvent la tête et qui dénoncent le racisme structurel, lequel est un fait incontestable.

Le chemin pour l’égalité est encore long, nos aînés ont eu les mêmes obstacles, nous marchons dans leur pas.

“Nous sommes ici chez nous et nous y sommes debout”

P.S. : Vous pourrez constater par vous-même les actions menées par Verdragon sur leur page Facebook. Le Parisien 93 n’a jamais jugé utile de se déplacer pour voir les activités de l’association.

Voici également la réponse de Hervé Kempf (rédacteur en chef de Reporterre), de Gabriel Mazzolini (Alternatiba), et de Fatima Ouassak (porte parole du Front de Mères), sur cette polémique stérile: