Intimidations judiciaires de la FI et du PC de Bagnolet contre un militant antiraciste

Les militants des quartiers populaires subissent une répression constante au niveau local, là où précisément ils militent sur le terrain.
Quelque soit la couleur politique des partis, de droite comme de gauche, ces partis ont en commun d’entraver les militants autonomes des quartiers populaires.

Il est intéressant d’analyser les attaques qui viennent de la gauche. Je viens de lire que Mélenchon a rencontré le juge Garzón, “une figure de la justice impartiale engagée contre le lawfare, persécution judiciaire contre les dirigeants de gauche”, dit-il.

C’est très intéressant ce que dit Jean-Luc Mélenchon, il faudrait mettre ce qu’il dit en perspective par rapport aux persécutions judiciaires, constantes depuis des années, que subissent en France les militants antiracistes. Depuis le MIB jusqu’à aujourd’hui avec le Comité Adama, ces pratiques détestables sont cachées, ceux qui sont passés maîtres dans l’art de tenter d’intimider les militants des quartiers populaires n’agissent ainsi que localement, à l’abri des regards.

Depuis des années, je suis la cible récurrente d’intimidations judiciaires qui ont pour objectif de tenter de me faire taire.
La dernière en date vient d’un large panel de mouvements, FI, GénérationS et PC. Cette coalition s’est mise en route pour venir à la rescousse d’un militant réactionnaire ancien membre d’En Marche. Ce dernier s’appelle Pierre Vionnet, il a fait campagne pour Emmanuel Macron en 2017, puis dans la foulée pour la candidate En Marche de la circonscription Bagnolet/Montreuil.
Pierre Vionnet siège aujourd’hui avec ces partis de gauche, on peut l’apercevoir avec le député Alexis Corbière. Sûrement par opportunisme, Pierre Vionnet s’est repositionné à gauche car il a peu de chance de remporter un siège avec En Marche dans un territoire de gauche.
Pierre Vionnet a déclaré que j’étais “le représentant local du fascisme islamique”…
Dans un texte que vous pouvez lire ici, cette union sacrée FI/PC/GenerationS/En marche veut m’utiliser pour régler des comptes avec le maire de Bagnolet. Ils viennent de me cibler en écrivant au procureur de la République et au préfet du 93 en inventant une histoire “d’agression verbale” contre Pierre Vionnet.

Je ne suis pas élu, je n’ai aucun lien avec le Maire de la ville. Ceux qui suivent attentivement la vie politique locale savent que je me suis très souvent opposé au Maire actuel.

Pour comprendre cette offensive réactionnaire, il faut remonter aux municipales, à l’époque où le couple Garrido/Corbière fraîchement débarqué se voyait déjà comme les maîtres de la ville.
Mais ils ont pris un mur face à la réalité d’une ville du 93, tous les militants FI ayant refusé le coup de force d’imposer Raquel Garrido comme tête de liste. 
Avec une section locale vidée de ses militants, surtout ceux des quartiers populaires, le couple Garrido/Corbière n’avait pas d’autres choix que de se retrouver à négocier une place avec le PC.

La suite on la connait, une défaite cuisante et ce malgré des articles de la fachosphere, de Valeurs Actuelles et le soutien des militants macronistes locaux pour me désigner comme le grand manitou de la campagne.

Une tentative de m’utiliser comme un épouvantail et un élément de rejet dans l’opinion bagnoletaise. Je suis décrit dans ces articles racistes comme un “militant islamiste” qui va instaurer la charia à Bagnolet. Il faut croire que cela a eu comme effet de mobiliser massivement l’électorat des quartiers…

Tout est fait depuis pour se venger et me cibler, à l’heure où le Comité Adama connait une répression féroce, et que nous sommes dans un contexte particulièrement raciste, dans le cadre notamment des débats sur la loi séparatisme.
Rien ne m’est épargné, pas même une lettre envoyée directement au préfet de Darmanin pour m’intimider.
Les mêmes qui font du cinéma à l’assemblée, comme Corbière, sur la loi séparatisme ou contre le préfet Lallement, n’hésitent pas à profiter de ce contexte en me faisant passer pour une personne «violente».

Ce procédé existe depuis des années comme je l’ai dit pour commencer, il faut opérer une gestion à deux échelles, locale/nationale.
Il s’agit de se comporter en veritable colon localement, éliminer tous les rivaux des quartiers. La hantise c’est l’organisation politique des quartiers populaires: ce qui arrange c’est la résignation, l’indifférence et à la fin l’abstention. Ensuite on fait des alliances avec les réactionnaires locaux pour terminer les militants qui résistent.
Au national, on fait tout pour maintenir cette répression dans le silence. Il faut absolument gérer à huis clos les entraves et le fait de tenter de museler ces militants.
C’est à ce moment là qu’ils font des grands discours sur le racisme et contre Macron sur le perchoir de l’assemblée nationale.
Pourtant localement les militants macronistes sont derrière le couple Garrido/Corbière à 200%. 
C’est intéressant par exemple de voir les commentaires de Marie-Laure Brossier (je vous invite à faire un tour sur sa page FB ou Twitter, pour voir Le niveau d’obsession à l’égard des musulmans et du Comité Adama…), cette militante En Marche dit clairement qu’il faut soutenir cette coalition FI, GS et PC.
Elle a bien compris que les discours au national c’est de la comédie, et que ce qui est important c’est l’action de ces partis au local.

Il ne faut juger la gauche que sur l’action locale, il faut toujours regarder dans les villes quelles sont les pratiques.
Pour ma part la première fois qu’on m’a insulté de “communautariste”, “islamiste”, “seprariste” j’avais à peine 17 ans, bien avant l’arrivée de Macron au pouvoir. C’était dans ma ville à Bagnolet par des militants communistes, c’est même la base de mon engagement antiraciste. Celui-ci ne s’est pas fait au contact de l’extreme-droite, mais bien de cette gauche paternaliste.

Cette énième tentative d’intimidation je vais en faire une tribune politique, comme ces intimidations contre Assa Traoré.
Elles interviennent dans un contexte précis, où il suffit de traîner devant un tribunal des militants antiracistes, puis de laisser faire la machine. Car dans une société comme la nôtre, il n’est pas utile d’en dire plus, le racisme systémique fera le reste.

Youcef Brakni, militant antiraciste.

Crédit photo : Doussiémou Ndossy